Quelques Fleurs Du Mal

Présentation de l'éditeur Calligraphies de Sophie Verbeek Extrait Je n'ai découvert les «Fleurs du Mal» que tardivement dans ma vie d'adulte. Cette lecture me bouleversa. Elle exerça sur moi une attirance et une fascination immédiates pour cet homme, nourri d'idéal et d'authenticité et qui osait faire l'aveu, terriblement lucide, de ce qui le rongeait : «Moi, mon âme est fêlée.» Cette découverte essentielle sur son état psychique, cette effroyable vérité, sont à la base du décalage qu'il ressent entre lui et le monde. Homme de la ville, calfeutré dans sa chambre et replié sur lui-même, il se laisse envahir par une double exaltation, celle de l'ascension spirituelle, «...Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté» pour ensuite s'infléchir et s'enfoncer dans des «...miasmes morbides...». Baudelaire, tortueux et tourmenté, toujours au bord du précipice, est attiré par les ténèbres dans lesquelles il s'abandonne volontiers : «Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas.» Cette dualité vécue au quotidien tenaille Baudelaire dans une angoisse permanente, viscérale et cauchemardesque, «Qui comprime le coeur comme un papier qu'on froisse... /... Sophie Verbeek Quatrième de couverture Depuis sa parution en 1857, Les Fleurs du mal est sans doute une des œuvres poétiques de la littérature française à avoir été le plus souvent illustrée. L'originalité de cette nouvelle version réside dans l'approche calligraphique de l'illustration mais aussi dans la genèse de ce projet expliquée par une artiste habitée depuis longtemps par le texte baudelairien : «Le choix des poèmes fut instinctif et viscéral. Sans retenue, j'ai fait corps avec cette poésie voluptueuse où le pouvoir des mots fut pour moi un terreau de recherche. Calligraphié d'une façon lisible ou illisible, j'ai voulu créer un univers graphique semé de sensualité, où le rêve, la couleur et l'angoisse se côtoient au quotidien.» Biographie de l'auteur Né à Paris en 1821, Charles Baudelaire publie ses premiers poèmes intitulés Les Fleurs du Mal en 1855 dans la Revue des Deux Mondes. C'est en 1857 que paraît le volume. La même année l'auteur et son éditeur sont condamnés à des amendes et à la suppression de six poèmes. La deuxième édition ne paraîtra qu'en 1861, six ans avant la mort du poète.