Objectif Tonika Rmc (Monture Om) 35-70Mm 1:3.5 (Non Testé)

Il l’avait trouvé dans un carton jauni, entre un manuel de radiotéléphonie et un paquet de cigarettes soviétiques jamais ouverts.­Tokina RMC 35-70mm f/3.5.­Il le prit parce qu’il n’avait rien de spécial — et justement. Dans un monde où chaque chose crie pour exister, lui ne disait rien. Il attendait.­Monté sur le boîtier, il réagit aussitôt. Pas comme un outil, mais comme un organe greffé. La bague de mise au point glissait avec une fluidité inquiétante, comme si elle savait déjà ce qu’il voulait voir. À travers le viseur, l’air semblait plus dense, les lignes plus droites qu’elles ne le sont vraiment.­Et puis, il prit des photos.­Pas des compositions. Pas des portraits.­Des constats.­Les images revenaient trop nettes, même dans l’ombre. Pas piquées, non : lucides.­Des détails qu’il n’avait pas remarqués. Des objets qui n’étaient pas là, ou alors qui avaient été là, il y a longtemps. Une silhouette, derrière une vitre, habillée à l’ancienne.­Une main posée sur une rambarde, dans un bâtiment vide.­Il vérifia les métadonnées : tout était normal.­Focale, ouverture, ISO — banalité apparente.­Mais une chose revenait à chaque cliché : un léger décalage entre ce qu’il croyait voir, et ce que l’image montrait.­Comme si l’objectif, à force d’observer la réalité, avait fini par développer sa propre version des choses.­Il continua à l’utiliser, bien sûr.­Mais il se mit à cadrer plus serré.­Et à vérifier derrière lui.­Juste au cas où l’image aurait pris quelque chose de lui qu’il n’avait pas vu partir.