Mon Plus Calme Visage Et Autres Journaux De Guerre

Mon Plus Calme Visage Et Autres Journaux De Guerre

Mon Plus Calme Visage Et Autres Journaux De Guerre

Présentation de l'éditeur Raymond Dumay entreprend de tenir un journal le 1er septembre 1939. La guerre est déclarée. Dumay vient à peine de sortir de l'École normale, c'est donc un très jeune homme - il est né en 1916 - et, dès les premières pages, il cite Pascal et Joyce. Il éprouve confusément le sentiment que la guerre, qui l'épouvante, mais aussi le fascine, va faire de lui l'écrivain qu'il espère devenir. Son journal sera d'abord le témoignage de cette prise de conscience, associé à l'exploration de son rapport à la littérature, et au récit d'une expé­rience humaine qui fonde et renforce sa vocation. «La guerre, écrit-il dès le 18 décembre, n'a changé qu'une chose en moi : mon âge. J'ai cinquante ans de plus. Il n'est pas désagréable de se sentir si vieux, je me sens sage et surtout si calme, si calme.» Raymond Dumay (1916-1999), romancier, historien de la table et du vin, sorte de cousin bourguignon d'Alexandre Vialatte, est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages qui vont du roman (L'herbe pousse dans la prairie, préfacé par C.-F. Ramuz) au livre pratique (Guide du jardin,)... La Table Ronde a réédité récemment La Mort du vin (collection La Petite Vermillon). Extrait Agde, 1er septembre 1939. La mobilisation générale est proclamée depuis une heure. Je pense à cette affiche de la rue Royale, à Paris. Elle datait de l'autre mobilisation. Il paraît que cette fois non plus ce n'est pas la guerre... J'espère toujours. Depuis quelques années, j'ai voulu prendre l'habitude de l'espérance, cela m'a coûté assez de peine : je ne la laisserai pas perdre dans les fracas de la T.S.F. On nous a dit que l'Allemagne a attaqué la Pologne, est-ce vrai ? Quelle aberration me pousse à noter ces dernières minutes de paix ? Car nous ne sommes pas encore en guerre. Une phrase de Pascal - que j'étudiais pour ce professorat, dont je voulais si ardemment me débarrasser, comme si j'étais absolument décidé à boucler mon «paquet» pour la guerre - me revient : «La paix, le plus grand des biens.» L'expérience de la Fronde, cette bagarre au nom enfantin, lui avait suffi pour écrire cette phrase foudroyante. Je ne sens qu'aujourd'hui sa vérité profonde. J'ai peur, oui. J'ai peur de ce danger que je n'ai pas choisi, ni encore accepté. La ville se comporte comme une taupinière qu'un paysan aurait retournée en plein soleil sous son trident. L'âpre soleil de la guerre luit. Une Espagnole bleu-noir comme une taupe s'est évanouie sur la promenade après une longue discussion avec son fils et sa fille qui, à huit ou neuf ans, criaient comme des bêtes sans comprendre que le trident leur serrait le cou. Je ne doute plus du triomphe final de la stupidité. Des gens se frappent la poitrine, se reprochant de n'avoir rien fait de mieux de la «victoire» de 18. Je pense que nous aussi, la future génération sacrifiée, nous pouvons faire notre examen de conscience. Nous nous plaignons et pourtant nous sommes coupables, coupables de nous être laissés vivre, d'avoir cru que notre seule existence justifiait la vie, la paix. Nous n'avons rien fait que chercher à vivre et maintenant à vingt-deux ans, nous n'avons plus qu'à mourir et à pleurer sur la mer... Que ferais-je dans cette guerre ? Est-ce que je la ferais aussi bien qu'un autre ? alors je n'en veux pas. Je l'ignore. Par idéal de justice ? La paix de Versailles était-elle juste ? Je pense à tous mes amis morts ou vivants, car un déjà s'est tué, il y a quelques mois, dans un «cercueil volant», d'autres peut-être l'ont déjà suivi. Ils font la guerre eux aussi. Pourquoi ? Nous ne pouvons pas faire autrement. Il n'y a pas d'erreur. On m'offrirait un poste où je ne serais pas tué, j'accepterais sans vergogne. Mais je ne le chercherai pas. Je suis décidé à laisser le destin agir seul. Ce fatalisme est ridicule, il ne me conduira qu'à une impasse, mais tant pis. Jamais je n'ai eu de plus beau temps, ni de plus belles vacances. Chaudes, dorées, ruisselantes d'eau, poudreuses de soleil et de sable. Je sais

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