Moi, Femme Battue

Présentation de l'éditeur Pendant sept ans, Isabelle Fromont a connu l'enfer de la violence conjugale. Quand elle se marie, elle croit tutoyer le bonheur mais elle va, hélas, très vite déchanter. Elle découvre avec horreur la passion maladive manifestée par son conjoint. Pendant ces années, elle va endurer la tyrannie, les coups répétés et meurtriers de celui qu'elle avait rêvé en prince charmant. Sept années de malheurs ponctuées de viols à répétition, de perte d'identité, d'éloignement de ses proches qu'elle revisite dans la douleur des plaies mal couturées. Témoignage coup de poing, brut de décoffrage sur l'une des souffrances le plus souvent cachées par les victimes elles-mêmes. Mais en même temps, formidable message d'espoir pour toutes ses compagnes d'infortune dont elle se veut aujourd'hui la porte-parole. Isabelle Fromont vit aujourd'hui en Côte d'Or. À l'aube de la quarantaine, mère d'une adolescente épanouie, elle a retrouvé une forme de paix intérieure auprès d'un compagnon aimant et travaille comme assistante maternelle. L'écriture de ce livre a constitué pour elle une sorte de thérapie. Elle milite activement pour venir en aide aux autres femmes battues encore prisonnières de l'omerta conjugale. Extrait Je m'appelle Isabelle, mais on me surnomme «Isa». Je suis née à Nevers, en Bourgogne, en janvier 1970... Je suis un bébé de l'hiver. Comme pour la plupart des tout-petits, mon enfance fut heureuse, tant j'étais entourée de l'amour de ma famille, à aucun moment je n'ai manqué de câlins et d'attention. Ma vie était douce, si douce que jamais je n'aurais soupçonné qu'un drame personnel aurait pu m'arriver un jour. Au fond de leur coeur, mes parents, Georges et Lucienne, possédaient tout l'amour que quiconque peut espérer recevoir. Gérant d'une colonie de vacances, mon père était un homme à la fois déterminé et habitué aux responsabilités, mais aussi témoignant d'une gentillesse naturelle ; son visage respirait sécurité paternelle et tendresse. Il n'est pas toujours besoin d'étreindre une personne pour lui communiquer son amour. Mon père était comme cela, il suffisait de le regarder pour savoir qu'il serait toujours là pour moi, pour nous, pour sa famille. Ma mère, Lucienne, était une femme douce, affectueuse, toujours à l'écoute des gens. Partout où elle passait, Maman ne laissait que de bons souvenirs et tout le monde l'aimait. Elle nous montrait la bonne direction de la vie, celle du bonheur et de la joie de vivre, même si, depuis son plus jeune âge, elle avait eu à faire face à de nombreux ennuis de santé qui, parfois, l'avait laissée fragile. Elle souffrait de diabète et, à cause de cela, son existence quotidienne était un chemin, non de vie, mais de croix. Souvent, sa maladie me privera de ces moments uniques dont une petite fille a besoin auprès de sa mère pour se construire en tant qu'enfant, avant de devenir une jeune adulte. Dans ma mémoire me reviennent fréquemment des souvenirs d'instants passés avec elle. Comme ces «après-midi pâtisserie» pendant lesquels notre plaisir était de confectionner des gâteaux que nous dégustions, le soir, quand toute la famille se retrouvait autour de la table. Ou encore, des mercredis après-midi magiques, au cours desquels j'empruntais ses plus beaux vêtements et m'en parais pour leur donner des allures d'habits de princesse. Je passais alors des heures devant la grande armoire à glace de sa chambre, enfilant robes et colliers. Je brillais de mille feux et prenant part à mon jeu, Maman regardait sa petite poupée qui souriait. J'étais la princesse, elle la reine-mère et nous vivions dans un château. L'illusion n'était pas si invraisemblable, puisque notre maison, lieu de colonies de vacances, était effectivement un petit château de plusieurs étages doté d'une cinquantaine de lits - les dortoirs des enfants pour les vacances. Biographie de l'auteur isabelle Fromont vit aujourd'hui en Côte d'Or. À l'aube de la quarantaine, mère d'une adolescente épanouie, elle a